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Maison des Familles Saint-François-de-Sales

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Etre parent ne se résume pas à de bonnes pratiques

Fréquenter nos ateliers, découvrir nos groupes de parole

Etre parent ne se résume pas à de bonnes pratiques

Fréquenter nos ateliers, découvrir nos groupes de parole

Longtemps, les livres de Laurence Pernoud, J’attends un enfant et J’élève mon enfant, publiés dans respectivement en 1956 et 1965, ont été des références pour les jeunes parents. S’ils continuent d’être réédités, ils se retrouvent aujourd’hui noyés dans une offre pléthorique d’ouvrages de conseils sur l’éducation des enfants, avec en tête des ventes, des livres sur l’éducation positive, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le haut potentiel intellectuel (HPI), l’attachement ou encore les émotions.
Cette évolution de l’offre en librairie, mais aussi sur Internet et les réseaux sociaux, montre à quel point les parents sont demandeurs. « Nos ateliers dont l’intitulé commence par “Comment” sont beaucoup plus prisés que les groupes de parole », observe Sarah Hatuna, psychologue, responsable du pôle parentalité-conjugalité à l’École des parents et des éducateurs de Moselle. « Aujourd’hui, les parents sont davantage en quête de réponses et de savoir-faire que de partage d’expériences. Ils s’interrogent sur leur parentalité, se renseignent sur les méthodes éducatives et se remettent plus souvent en question. »

La naissance d’un enfant est toujours un bouleversement qui confronte les parents à de nouvelles situations. « Les difficultés sont inhérentes à la parentalité car l’enfant n’est jamais là où on l’attend », rappelle le psychologue Daniel Coum [1], ancien directeur de l’association Parentel. « Il y a toujours un écart entre l’enfant rêvé et l’enfant réel, auquel il faut bien s’adapter, de la même façon que nous ne sommes pas non plus les parents que nous avions prévu d’être. »

Ces difficultés seraient encore plus importantes aujourd’hui qu’autrefois, selon le spécialiste. « Depuis une ou deux générations, il est plus compliqué d’être parent qu’il y a cinquante ans, parce que la société a beaucoup évolué. Les repères collectifs sur l’éducation, qui étaient valables pour tous, ont été contestés au profit de la valorisation de positions individuelles, explique-t-il. Aujourd’hui, chacun peut décider d’élever son enfant comme il l’entend. Ce n’est plus la société qui écrit la feuille de route. C’est évidemment un progrès, mais cette liberté a un prix, celui de l’anxiété face à un champ des possibles où le désir est la seule boussole. »

D’où le besoin de conseils sur l’éducation, même si tous les parents ne sont pas logés à la même enseigne. « Certains s’en sortent très bien avec cette liberté car ils ont les ressources culturelles, psychiques et économiques qui leur permettent d’être des parents créatifs, d’autant que, dans ces milieux, ils ont souvent encore des valeurs collectives auxquelles se référer, poursuit Daniel Coum. Mais pour quelques-uns qui s’en sortent, combien qui se sentent perdus ? », interroge-t-il.

Livrés à eux-mêmes, ces derniers ont du mal à se faire confiance et s’en remettent souvent au discours des experts. « La médiatisation autour de ce que doit être la parentalité et l’éducation crée une pression sociale et leur fait croire qu’il y a des réponses à toutes les situations, ce qui entretient une demande perpétuelle d’outils et de conseils », déplore Sarah Hatuna.

Les experts, mais aussi les nouveaux coachs parentaux qui interviennent sur les réseaux sociaux, leur font miroiter un savoir sur l’éducation, « comme si être parent se résumait à de bonnes pratiques », s’étonne Daniel Coum. « Une aide réelle à la parentalité ne peut pas se résumer à la prescription de tel ou tel comportement. En outre, les conseils ne font qu’affaiblir les plus démunis qui ne réussissent pas à atteindre ce qu’on leur présente comme un idéal accessible. »

La diversité de l’offre et des points de vue, voire les polémiques, comme celle qui agite le monde des psys depuis six mois sur le « time out », sont finalement « un mal pour un bien » car elles permettent de relativiser le savoir des experts, conclut le psychologue. « Beaucoup de parents ne sont pas dupes et savent qu’on élève d’abord un enfant avec ce qu’on est. »

Article de Paulo Pinta Gomes La Croix Le 19/O5/2023